THIERRY SOLER : DU TERRAIN DE FOOTBALL AMERICAIN AUX PLUS HAUTES SPHERES DE LA HAUTE PERFORMANCE 

19 Déc 2025 | Football Américain

De joueur passionné à architecte de la performance sportive en France, Thierry Soler, ancien DTN de la FFFA et actuellement Directeur de la Haute Performance à la Fédération Française de Badminton, incarne un parcours rare, forgé par la rigueur du football américain et prolongé au service de nombreuses fédérations sportives. Dans un entretien fleuve, il revient sur plus de 30 ans d’engagement, depuis ses débuts à Grenoble jusqu’à aujourd’hui, reconnu par toutes les sphères du sport de haut-niveau en France. Aidant bénévolement les Équipes de France de flag à tendre vers la haute performance, Thierry Soler n’a jamais réellement lâché les disciplines de la FFFA.  

Les Centaures, le coup de foudre pour le football américain 

« J’ai commencé le football américain au milieu des années 80, au Centaure de Grenoble. C’était l’époque où Canal+ et La Cinq ont commencé à diffuser du foot américain à la télé. On a tout de suite accroché. ». Athlète complet, Thierry vient de l’athlétisme et du soccer. Le déclic survient en 1986. « Nous avons mis les équipements, nous avons tout donné sur le terrain et on s’est dit ‘Trop bien ça, on est fait pour cela.’ » Le ton est donné. Il joue linebacker, un poste exigeant physiquement, mais aussi tactiquement. Dès ses débuts, il s’engage aussi dans la formation : « Au Centaures, on a tout de suite voulu constituer des équipes de jeunes, même si c’était impossible de jouer avant 18 ans à l’époque. ».  

De joueur à formateur, puis cadre fédéral 

Le virage arrive avec la création de l’équipe de France junior de football américain, en 1991-92. « C’est grâce au travail fait chez les jeunes au Centaures. On faisait partie des gros pôles avec les Argonautes et le Flash. » Thierry intègre alors le staff. Il est rapidement sollicité pour entrer dans l’équipe des formateurs de la Fédération. À la même époque, il touche à l’Équipe de France sénior : « J’ai été sélectionné en 1991 pour un match contre les Russes à Albertville. Mais l’armée ne m’a pas libéré pour les stages de préparation. » 

En 1993, il accepte une double mission : coach principal des Iron Mask de Cannes et salarié de la Fédération en tant que responsable des Équipes de France. Il entraîne les juniors, puis les seniors pendant dix ans, jusqu’à la Coupe du monde 2003. « On courait après notre argent. On a beaucoup investi plus que ça nous a rapporté. Mais c’était une époque de passion, de structuration. » 

Une décennie comme Directeur Technique National 

De 2003 à 2013, Thierry Soler est DTN de la Fédération Française de Football Américain. C’est l’âge d’or de la structuration. « Quand je suis arrivé, la Fédération tenait dans un appartement à Paris. À la fin, on était une douzaine à la direction technique, 25000 licenciés et près de 200 clubs. » Il souligne les rôles-clés : Jacques Accambray pour la reconnaissance institutionnelle, Lionel Lacaze pour la structuration technique, Frédéric Paquet pour la stratégie et la gouvernance. 

Il évoque aussi les limites : « On avait atteint un plafond. Pour passer à une autre étape, il aurait fallu une grosse arrivée de sponsors, permettre une pratique quotidienne, un vrai haut niveau. » 

Thierry Soler à droite puis au milieu lors de la première édition du Hall Of Fame de la FFFA

Après la FFFA, un virage vers l’administration du sport 

En 2013, Thierry quitte la Fédération. « J’avais l’impression de parler tout le temps des mêmes choses. Je voulais faire autre chose. » Il rejoint le ministère des Sports au bureau en charge des conventions d’objectifs avec les fédérations. « C’est là que j’ai compris que dans les petites fédérations, on a souvent plus d’idées et plus de capacité d’adaptation. Le football américain m’avait formé à ça. ». Il enchaîne avec une nomination comme DTN à la Fédération des sports de glace (2015–2017). Une expérience marquée par le contraste : « Je venais du foot américain, j’ai découvert les disciplines d’expression. Très enrichissant. Mais au bout de deux ans, on a compris que ça ne matcherait pas avec le président. ». 

La haute performance comme expertise 

En 2017, il intègre l’INSEP comme responsable de la formation des cadres, puis devient directeur du pôle performance. « 100 personnes, 23 disciplines olympiques, un centre de données, de recherche, de prépa physique… Tu vois tout le monde du sport français passer. ». C’est une phase intense, jusqu’après les Jeux de Tokyo en 2021. 

Depuis 2021, Thierry est directeur de la performance de la Fédération Française de Badminton. « On commence à atteindre un très haut niveau mondial en double mixte et simple homme. On a trois joueurs dans le top 20. » Son rôle ? « Manager la performance, structurer l’approche. Et être habité par le rêve olympique. » Il note les écarts de culture : « En Asie, tu as les académies. Les gamins s’entraînent toute la journée. En France, on doit créer d’autres chemins. » 

Une fidélité intacte au football américain 

Bien qu’éloigné du terrain, Thierry reste proche du foot américain. « Frédéric Paquet m’a rappelé. Il m’a dit : viens nous aider à monter en compétence pour le Flag olympique. Je le fais avec plaisir. Je dois beaucoup au foot américain. » 

Il intervient aujourd’hui comme consultant auprès des équipes de France de Flag. « Il faut changer le logiciel. Ce n’est plus un sport amateur : c’est un sport olympique. Si on veut être compétitifs, il faut passer progressivement à deux entraînements par jour, hausser les exigences. » et de conclure : « Il y aura toujours des excuses. Le terrain est pris, les joueurs bossent. Mais la vérité, c’est que ceux qui réussissent s’organisent pour s’entraîner. ».  

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