De la passion du terrain à la reconnaissance universitaire : Valentin Prioul, un parcours pionnier au service du football américain

27 Oct 2025 | Fédération, Football Américain

Valentin Prioul est un nom qui compte dans l’encadrement du football américain français. Préparateur physique au pôle espoirs et auprès de l’équipe de France U19, il exerce désormais ses compétences auprès de l’équipe de France masculine de flag football. Récemment, il a franchi une étape académique majeure en soutenant une thèse novatrice sur le double projet études et football américain — une première dans l’Hexagone sur ce sujet. Plongeon dans son parcours, depuis ses débuts sur le terrain jusqu’à ses ambitions de chercheur-entraîneur.

Le terrain comme point de départ

L’histoire de Valentin avec le football américain est ancienne et passionnée. « Je baigne dans le football américain depuis longtemps : j’ai commencé à 13 ans, en Alsace », confie-t-il. Sa rencontre décisive avec le sport se fait lors d’un stage : « J’ai découvert le sport lors d’un stage EFAJAC à Thonon, où, pendant cinq jours, on ne faisait que ça. Il y avait des coachs et des joueurs du pôle espoirs. C’est à ce moment-là que j’ai vraiment accroché. » Cette passion le mène rapidement à l’excellence : « J’ai intégré le pôle en 2011, à 15 ans, après deux saisons au club de Haguenau. J’ai ensuite passé trois années au pôle à Amiens, tout mon lycée en fait, et je suis resté aux Spartiates, avec qui on s’entraînait déjà à l’époque. J’évoluais au poste de running back. »

Son engagement ne faiblit jamais. Après ses études en STAPS et avoir joué en D2 puis en Élite, c’est le partage qui devient son moteur. « Le partage, c’est vraiment ce qui m’anime dans ce métier », affirme-t-il. Il s’investit dans l’encadrement : « Dès la fin du pôle, j’ai fait un service civique aux Spartiates, où j’ai encadré les Cadets. C’est là que Steeve m’a proposé un stage au pôle en préparation physique. » Aujourd’hui, même en jonglant avec ses autres activités, « Je continue également à jouer avec les Spartiates. Mon objectif, c’est de structurer l’encadrement des jeunes au club. »

Un docteur au service du sport : de l’idée à la thèse

Le chemin vers le doctorat était inattendu pour Valentin. « Honnêtement, je ne pensais pas aller jusqu’à la thèse, même en master », admet-il. C’est sous l’impulsion de son directeur de thèse que le projet prend forme, autour d’un sujet qui le passionne immédiatement et financé par le dispositif CRIF. Malgré l’ampleur de la tâche, il a trouvé la motivation. « J’ai voulu travailler sur un projet concret, applicable sur le terrain, pas quelque chose de purement théorique. »

Il tient à déconstruire l’image élitiste de la recherche : « Ça peut paraître impressionnant, une thèse, on se dit que c’est réservé à des “génies”. J’ai toujours eu un parcours moyen, mais quand on se spécialise dans un domaine qu’on aime, ça devient plus naturel. » Le financement fut un atout majeur : « Grâce au dispositif CRIF, j’avais un contrat de 36 mois co-financé par le pôle et une association, donc j’étais salarié pendant ma recherche, ce qui est un vrai plus dans le milieu de la préparation physique. »

Une première française : l’étude du double parcours

La recherche de Valentin Prioul s’est concentrée sur une problématique essentielle pour le développement du sport. « Il portait sur le double parcours des sportifs de haut niveau, dans un contexte spécifique : celui du football américain. » Son objectif était clair : « L’idée était de voir comment développer les capacités physiques des athlètes tout en prévenant les blessures, à travers un programme adapté à leur réalité. »

Il insiste sur l’aspect novateur de son travail : « À ma connaissance, aucune autre thèse n’a encore abordé le football américain en France. Je suis aussi le seul à avoir publié un article scientifique sur ce sujet. » Et de préciser la portée de son approche : « Le modèle que j’ai utilisé est bien connu, mais n’avait jamais été appliqué au foot US, et encore moins sur deux saisons complètes, avec pour terrain d’étude le pôle espoirs. »

Quant au processus de recherche, il souligne l’importance de rester fidèle à sa passion : « Même un an avant la fin, je me suis demandé ce qui faisait le cœur de ma thèse. En prenant du recul, je me suis recentré sur ce qui m’animait depuis le départ. C’est facile de se perdre en voulant répondre aux attentes du directeur, mais l’essentiel finit toujours par ressurgir à l’écriture. »

De l’attente du diplôme aux ambitions futures

Après une soutenance réussie face à un jury conséquent (« J’en avais 7, plus deux rapporteurs »), et un long échange de questions-réponses (« environ une heure de questions — dans mon cas, 1h30 »), Valentin est désormais officiellement docteur, bien qu’il attende encore son diplôme.

Cette reconnaissance lui ouvre de nouvelles perspectives, notamment l’enseignement. « Cette thèse me permettrait d’entrer dans le monde universitaire si je le souhaite », dit-il, avec l’envie de « transmettre, tout en restant humble : je ne prétends pas tout savoir, je veux continuer à apprendre pour mieux partager. L’idée, c’est de garder un pied dans chaque univers. » Il reconnaît la valeur du titre : « En France, le diplôme a une valeur importante, c’est une forme de reconnaissance. Même si ce n’est pas le diplôme qui fait la compétence, cela aide à être pris au sérieux. »

Sur le terrain, il est pleinement investi dans son rôle actuel : « Je poursuis avec le football américain et le flag. Dans le cadre de mon contrat avec le pôle et la fédération, j’ai mis en place un programme pour l’équipe de France masculine, avec un suivi jusqu’à la Coupe d’Europe. Ce travail, je le mène avec Steeve. » L’horizon qu’il vise est ambitieux : « J’aimerais aller jusqu’aux Jeux olympiques. Toute expérience avec une équipe de France est déjà exceptionnelle en soi. »

En attendant la publication de sa thèse, Valentin Prioul continue d’incarner le lien essentiel entre la rigueur de la recherche appliquée et la passion concrète du sport de haut niveau. Ses travaux ont déjà donné lieu à la rédaction de plusieurs articles scientifiques, marquant son empreinte durable sur le développement du football américain en France.

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